Le nouveau président du Social Democratic Front (SDF), Joshua Osih, a vertement critiqué le gouvernement du président Paul Biya pour son « échec catastrophique » dans la gestion du conflit anglophone.
Dans une déclaration datée du 30 décembre, consultée par ce journaliste, Osih a déclaré à propos du conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays :
« Cette crise n’est rien de moins qu’un témoignage des échecs catastrophiques du régime Biya, et nous savons tous que l’on ne peut pas utiliser les mêmes personnes qui ont causé un problème pour le résoudre ».
La déclaration a également réaffirmé la position du parti selon laquelle la crise anglophone « est un problème politique et ne pourra être résolue que par une solution politique ». Elle a également réitéré son appel « à ce que le pouvoir soit entre les mains du peuple, à travers des institutions démocratiques solides et le fédéralisme ».
Elle a également critiqué les combattants séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, arguant que « Aucun Camerounais, que ce soit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ou dans les régions du Nord, ne prend les armes au détriment d’un emploi décent ou d’une petite entreprise. Ces garçons et filles sont recrutés dans la pauvreté, le chômage et le désespoir. En tant que nation, nous avons le devoir primordial de corriger cette injustice sociale ».
Critiquer le gouvernement Biya, au pouvoir depuis quatre décennies, est souvent réprimé par des emprisonnements ou de lourdes amendes pour les médias ou les journalistes, mais des observateurs extérieurs l’ont fait à de nombreuses reprises. En 2017, lorsque les protestations se limitaient encore à des actions de désobéissance civile, le Groupe International de Crise avait averti que la répression du gouvernement risquait de se retourner contre lui et de conduire à « une insurrection armée ». À l’époque, le ministre de la Communication, Tchiroma Bakary, avait rapidement critiqué le groupe, prétendant qu’il était « payé par les séparatistes ».
Le SDF a été l’une des voix internes les plus virulentes à critiquer le gouvernement Biya pour sa mauvaise gestion du conflit.
Le fondateur et ancien président du SDF, John Fru Ndi, avait également réitéré l’appel au retour au fédéralisme lors du dialogue national infructueux en 2019.
Biya s’adressera à la nation ce soir dans son discours traditionnel de fin d’année à 20h00 heure locale, et après près de 7 ans de guerre qu’il a déclarée, les citoyens anglophones ne sont pas optimistes quant à son discours.
