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Comment 10 brochettes de viande ont failli anéantir les aspirations de Samuel Eto’o à la Fécafoot

Samuel Eto'o

Dans les méandres tumultueux de la campagne électorale pour la présidence de la Fédération camerounaise de football (FECFAFOOT), un épisode inattendu a failli anéantir les aspirations de Samuel Eto’o. Jean Bruno Tagne, dans son livre captivant intitulé « L’arnaque », révèle les coulisses troublantes d’une vidéo tournée à Limbé, une vidéo qui a failli plonger la campagne du célèbre footballeur dans la tourmente.

Dans cette séquence filmée à l’aide d’un téléphone portable, Samuel Eto’o, vêtu d’un jean noir et d’une chemise bleue, coiffé d’une casquette noire, se montre en train de déguster des brochettes de viande grillée, communément appelées « Soya ». Le sourire aux lèvres, il s’approche d’un vendeur ambulant pour en commander dix, démontrant ainsi un contact proche avec la population locale.

Ce geste, bien que semblant anodin au premier abord, était en réalité une tentative de communication subtile de la part d’Eto’o. D’une part, il cherchait à illustrer son humilité en se montrant capable, en tant que superstar, de mener une vie ordinaire et de partager un repas de rue comme n’importe quel Camerounais lambda. D’autre part, il souhaitait véhiculer un message de patriotisme, affirmant par cette démonstration que malgré les tensions et la crise sécessionniste dans la région, la vie au Cameroun pouvait sembler normale et sécurisée.

Cependant, cette tentative de mise en scène s’est rapidement retournée contre lui. La vidéo a provoqué l’indignation du public, particulièrement chez les Anglophones, principalement touchés par le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’incident a entraîné une réaction en chaîne sur les réseaux sociaux, affublant Eto’o du surnom peu flatteur de « Sam Soya ».

Face à cette tempête médiatique, Eto’o a dû revoir sa stratégie. Son équipe de campagne a rapidement agi pour atténuer l’impact négatif de la vidéo controversée. Ils ont eu recours à une solution radicale : contacter des personnalités influentes du monde du football pour redorer l’image ternie du candidat.

L’arrivée salvatrice d’une vidéo de soutien de Lionel Messi, ancien coéquipier et « grand-frère » de Samuel Eto’o, a opéré comme un baume sur les blessures de cette campagne. La vidéo, diffusée avec habileté sur les réseaux sociaux, a détourné l’attention du public de l’incident du Soya à Limbé.

Cette séquence rocambolesque révèle les stratégies et les tensions d’une campagne électorale mouvementée, où la communication et les relations publiques ont joué un rôle crucial. Elle met en lumière les coulisses parfois troubles des tentatives de manipulation de l’opinion publique, mais aussi la capacité à rebondir et à détourner les crises médiatiques.

L’histoire tumultueuse de cette campagne électorale, relatée par Jean Bruno Tagne, souligne les enjeux complexes et parfois controversés du monde du football et de la politique qui l’entoure.

Lire l’extrait du livre L’Arnaque de Jean Bruno Tagne :

« Dans cette vidéo tournée à l’aide d’un téléphone portable, on voit Samuel Eto’o vêtu d’un jean noir, d’une chemise bleue et coiffé d’une casquette noire. Le pas alerte, il fonce tout sourire vers un vendeur ambulant de viande grillée communément appelée « Soya ».

Il pique une première brochette qu’il croque à pleine dent. « Ça va ? », demande-t-il au vendeur. « Donne-moi dix », commande-t-il. Le temps que ses dix brochettes lui soient servies, il parade devant la caméra.

« Je suis au Sud-Ouest hein ! Sans garde du corps. Le Cameroun est beau et merveilleux », s’amuse-t-il. En faisant cette petite com’ de comptoir, Samuel Eto’o veut montrer au moins deux choses : d’abord l’humilité ; lui, la superstar qui peut comme n’importe quel Camerounais ordinaire manger des brochettes dans la rue.

Ensuite, il veut aussi afficher son patriotisme, montrer et peut-être faire croire que le Cameroun va bien, que malgré la crise sécessionniste qui sévit dans cette région depuis 2016, on peut y vivre sans problème.

La preuve, il s’y balade « sans garde du corps ». Cette sortie de Samuel Eto’o est une pure manipulation. Il n’a demandé l’avis de personne dans son équipe de campagne pour la faire.
Elle est d’autant plus indécente et malvenue que des enfants ont été froidement assassinés dans une école de cette région quelques semaines plus tôt. Prétendre que la vie y est belle et que le Cameroun se porte bien relève du cynisme abject.

Cette vidéo fait désordre et horripile le public. Les réseaux s’en emparent. On l’affuble désormais dans les réseaux sociaux du sobriquet peu flatteur de « Sam Soya » […]

Dans un premier temps, Samuel Eto’o semble minimiser la situation. Mais les réseaux sociaux ne lâchent rien. Les Anglophones, premières victimes du conflit armé dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, sont les plus furieux. Certains délégués décident de prendre leurs distances vis-à-vis du candidat. Il finit par se rendre à l’évidence. La fureur est totale. [….]

Pour faire passer le scandale, l’équipe de campagne imagine quelque chose qui pourrait détourner l’attention du public. Il faut faire oublier cette histoire de Soya. Pour dix brochettes, il est en train de dégringoler dans l’estime du public.

C’est alors qu’on lui suggère, comme c’était prévu, de contacter des personnalités importantes du football mondial. Une vidéo de Lionel Messi apportant son soutien à son ancien coéquipier et « grand-frère » Samuel Eto’o serait un bon coup et pourrait contribuer à faire oublier la mauvaise odeur du Soya de Limbé.

Samuel Eto’o contacte prestement Lionel Messi qui tourne une vidéo et la lui envoie. Elle est traduite en français et en anglais, puis diffusée. Les relayeurs et autres influenceurs à la solde du candidat font le job. Ouf ! Cette vidéo réussit heureusement à détourner les regards sur l’affaire du Soya. Il l’a échappé belle. Cet épisode illustre …. »

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